10 stratégies de crise face à la page blanche

par | 7 Nov 2007 | Contenus, rédaction | 0 commentaires

Vous avez un texte, un rapport à terminer, et pas moyen d’écrire la moindre phrase ?

Voici 10 conseils utiles (en tout cas pour moi) pour débloquer la situation et en venir à bout.

1 – Ecrire en vrac

La cause principale de blocage, surtout lorsqu’on écrit avec un traitement de texte, ce sont les relectures incessantes. La première chose à faire est donc de vous forcer à avancer sans hésitation. Ecrire en vrac, sans s’arrêter, ne surtout pas se relire avant d’avoir terminé tout le texte. S’INTERDIRE LE MOINDRE COPIER-COLLER. NE PAS CORRIGER SES FAUTES DE FRAPPE.

Une phrase ne vient pas ? Ecrivez quelque chose à la place qui vous permettra de comprendre en vous relisant.
Une idée ne vient pas ? Sautez une ligne et écrivez deux ou trois mots-clés. L’essentiel est de surmonter votre sensation d’écrire un texte sans intérêt, et de NE JAMAIS VOUS ARRETER. Ne surtout pas « poser la plume ».

Evidemment, le résultat ne sera pas parfait, mais il sera toujours temps d’effectuer les corrections, qui seront beaucoup plus pertinentes, puisque vous aurez alors une vision d’ensemble du texte.

2 – Simple texte

Dans le prolongement du point précédent, puisque l’essentiel est d’écrire, il faut absolument s’abstenir de penser à la mise en forme tant que le texte n’est pas terminé : pas de gras, pas de feuille de style, pas de fioritures, pas de mode « plan » ou autres distractions.

Pour écrire plus efficacement et mieux respecter ce principe, j’évite d’ouvrir mon traitement de texte. Je rédige tout simplement dans le bloc-notes ou un éditeur de texte comme notepad+

L’essentiel est d’éviter toute activité parasite. D’avancer, d’aller au bout de ce foutu texte. La seule chose qui compte, ce sont les idées et les mots.

La mise en forme, les tableaux, les shémas, les captures d’écran et autres éléments, je les laisse de côté, j’en fais une simple liste et, éventuellement, un brouillon sur papier.

Puis j’assemble le tout à la fin, en une seule séance.

3 – Ecrire en listes

Parfois, la fatigue empêche de s’exprimer, de rassembler ses idées. Parfois, pas moyen d’écrire en vrac. Il faut s’y prendre autrement.

Une bonne méthode alternative consiste alors à se passer de phrases. Ecrire en listes est une méthode efficace et toute simple, qui se décompose en deux étapes :

Première étape : Je pense que (comme dirait Gainsbourg)

Ecrivez

« Je pense que » :

– 1
– 2
– 3
– 4
– 5
– 6
– 7
– 8
– 9
– 10

Mettez au moins 10 points, puis remplissez-les tous, si possible. L’efficacité de la méthode réside dans le fait de décider à l’avance du nombre de points. C’est un moyen de stimuler vos neurones, de faire appel à vos idées. Psychologiquement, une « place » vide vous poussera à trouver quelque chose à dire. Pas forcément quelque chose de génial ou indispensable, mais on est là pour surmonter un blocage, pas pour faire du style. Il sera toujours temps de supprimer des points (ou d’en ajouter, mais c’est plus rare) une fois le premier jet terminé.

Seconde étape : « Je pense que parceque »

Pour chacun des points précédents, recommençez la manoeuvre :

1 – Je pense que xxxx parceque
1.1 –
1.2 –
1.3 –
1.4 –
1.5 –
1.6 –
1.7 –
1.8 –
1.9 –
1.10 –

2 – Je pense que yyyy parceque

2.1 –
2.2 –
2.3 –
2.4 –
2.5 –
2.6 –
2.7 –
2.8 –
2.9 –
2.10 –

3 – Je pense que z parceque

3.1 –
3.2 –
3.3 –
3.4 –
3.5 –
3.6 –
3.7 –
3.8 –
3.9 –
3.10 –
Etc…

Peu importe le nombre de points. Mettez-en beaucoup, et efforcez-vous de les remplir. Si vous n’avez plus d’idées, mettez n’importe quoi, laissez-faire votre imagination ou votre inspiration. Mettez-vous en mode « écriture automatique ».
Il sera toujours temps ensuite de couper les arguments secondaires ou redondants. L’idée ici est de réaliser un mini-brainstorming sur chacune des idées importantes de votre document.

Une fois votre liste établie, rédigez une phrase pour chacun des points de chaque liste. Vous avez un début de texte, les « je pense que » sont vos parties, les sous-points sont vos paragraphes.

La méthode des listes ne permet que rarement d’obtenir un texte définitif, mais elle déclenche efficacement le processus de pensée et d’écriture. Il n’est pas rare que, après avoir rempli seulement quelques points, je revienne à ma méthode favorite : écrire en vrac.

4 – L’essentiel en une page

Lorsqu’un document est trop compliqué à rédiger, il peut être utile de commencer par la fin. Commencez donc par rédiger en une page le résumé du texte que vous devez écrire.

C’est une variante de la bonne vieille méthode pour rédiger une dissertation : commencer par rédiger la conclusion (qui est essentiellement un résumé de ce qui précède).

Dans un document professionnel, ce résumé d’une page se place le plus souvent au début. C’est un moyen efficace d’aider vos lecteurs à entrer dans votre texte.

5 – Commencer par le milieu.

Il m’est souvent arrivé de bloquer sur le début d’un texte, sachant que les parties suivantes étaient plus faciles à rédiger.

Il n’y a aucune raison de rédiger un texte dans l’ordre final de lecture. L’efficacité commande au contraire de s’attaquer rapidement aux passages les plus faciles.

D’abord parce que cela permet d’avancer plus vite, ensuite parcequ’il n’est pas rare que , lors de la rédaction, on se fasse une nouvelle idée du plan du document.

Résultat : le passage sur lequel vous bloquez ne sera peut-être plus aussi indispensable, et avec un peu de chance, vous n’aurez jamais à le rédiger !

6 – Ecrire pour soi

Une raison possible de blocage, lors de l’écriture d’un document professionnel, réside dans l’effort de mise en forme et de formulation auquel on s’oblige, de manière à impressionner favorablement son lecteur, ou afin de rendre le ton plus professionnel.

C’est généralement une catastrophe. Tout le monde apprécie un texte rédigé simplement. Si vous sentez que le virus de la sophistication inutile s’empare de vous, arrêtez tout et recommencez le texte à zéro, avec un destinataire bien précis : vous-même.

Vous ne savez peut-être pas quel texte écrire, mais vous savez probablement quel texte vous aimeriez lire. Ecrivez-le ! Il ne ressemble peut-être pas à un rapport, il est peut-être plus court que ce que vous souhaitiez rédiger, il a peut-être un plan peu courant. Mais c’est un texte qui a au moins deux qualités : il existe, et il contient ce que vous avez à dire ! Pour un premier jet, c’est tout ce dont vous avez besoin avant de peaufiner votre ouvrage

8 – Un plan et un budget temps

Une autre méthode qui a fait ses preuves : commencez par le plan, éventuellement un plan détaillé, puis donnez-vous un budget temps :

Votre texte comprend 3 parties et 15 sous-parties ? Donnez-vous deux heures, divisez ces deux heures en autant de phases que vous avez de sous-parties à rédiger. Dans notre cas : 120/15 = 8 minutes pour chaque sous-partie.

Prenez un réveil, mettez-le à côté de votre écran, et contraignez-vous à écrire le plus de choses possible sur la première sous-partie. Au bout de 8 minutes, passez à la suivante sans réfléchir, sans transition, sans hésitation, et recommencez. Ne réfléchissez pas: écrivez.

Au bout de deux heures, vous aurez un premier jet brut, mais ordonné (grâce au plan), et il ne restera plus qu’à polir ce matériau pour obtenir un véritable joyau textuel.

9 – Papier, crayon, ailleurs

Quand rien d’autre ne fonctionne, changez tout : délaissez votre écran, quittez votre bureau, et partez avec un simple papier et un crayon, dans un endroit nouveau. Terrasse de café, bibliothèque, un lieu de votre choix où vous ne serez pas dérangé.

Chez de nombreuses personnes, le fait d’écrire « à la main » a un effet stimulant. Cela oblige à adopter une position plus dynamique, à mettre en oeuvre un processus moteur différent. A changer de rythme.

Lorsqu’on rédige à la main, on se retrouve dans l’obligation de suivre certains conseils qui précèdent : impossible de faire des copier-coller, impossible de s’occuper de la mise en forme définitive, obligation d’aller à l’essentiel.

Il n’est pas toujours nécessaire de rédiger un premier jet complet à la main. Souvent, il suffit de sortir, de prendre un papier et un stylo qu’on aime, et de rédiger un plan détaillé en style télégraphique, ou une mind map de son texte, qui servira ensuite de colonne vertérale.

10 – Pensez « templates »

Dès aujourd’hui, créez-vous une collection de _templates_, de documents-type, de paragraphes ou de tableaux utiles. N’hésitez pas à vous inspirer des documents les plus réussis qui vous passent entre les mains. Observez les plans, observez les structures, la manière dont les arguments sont disposés.

Beaucoup de travaux d’écriture sont récurrents : rapports, compte-rendus, dossiers, présentations, études, cahiers des charges, etc. Pour chacune des catégories qui vous concernent, mettez-vous en chasse : observez comment font vos collègues, cherchez sur Internet, venez sur ce site, demandez leur recette à ceux qui réussissent, et cuisinez à votre tour. Reprenez les ingrédients, copiez, inspirez-vous.

Copier n’est pas un crime ni un aveu de faiblesse : c’est au contraire un travail utile et passionnant. Le vrai crime, c’est de continuer à imposer à vos lecteurs des documents de qualité moyenne, alors que toutes les informations pour atteindre l’excellence se trouvent autour de vous.

Aucune de ces recettes n’est infaillible, aucune d’entre elles ne garantit un chef d’oeuvre, elles ont un seul mérite : ne pas vous laisser en plan, vous permettre d’avancer utilement.

Leur point commun : vous libérer temporairement de l’obligation de « bien faire » et de rédiger parfaitement du premier coup, qui est très souvent la cause principale des blocages.

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